School-Day

Thérapie clavier

Samedi 17 décembre 2022 à 17:27

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16 Décembre

Aujourd'hui pas de chantier. C'est le séminaire de l'entreprise, nous avons rendez-vous dans une salle à Saint Nazaire non loin de chez moi. Je n'ai pas beaucoup d'information concernant le déroulement de la journée, j'espère juste ne pas m'ennuyer.
Je choisis avec égard mes vêtements, ne pas mettre quelque chose trop féminin, attention à ne pas paraitre trop maigre mais garder une apparence propre et organisée, pas de maquillage.
Je me rapproche du lieu de rendez-vous en danseuse sur mon vélo. J'aperçois au loin une foule de têtes connues, je suis contente d'arriver en synchronisation avec la plupart de mes collègues en pose chantier.
En garant mon vélo, deux femmes les épaules relever pour remonter leur écharpe sur leur visage se tourne de tout le corps pour me regarder :

« -Bonjour, tu vas bien ?
Je ne les reconnais pas tout de suite,
-Oh bonjour…. Vous avez l'air d'avoir froid...
-OOH oui il fait si froid !! Tu n'as pas froid toi ?
-J'ai dû m'acclimater avec le temps …
Mon chef charpente nous dépasse :
« -Tu es folle de venir en vélo toi !
-Ah bon ? Mais ça réveil chef »

J'entre dans la salle. Il y a un monde fou, je ne me rendais pas compte que l'entreprise était si grande. En étant en pose charpente, mon monde se résume aux nombres de personnes maximal dans la camionnette de chantier et a un.e conducteur.trice de travaux de temps à autre de passage.
Je ne me sens pas particulièrement à l'aise, je ne sais pas ce que je fais ici. En posant ma veste sur les portants prévus une jeune femme plus petite que moi m'aborde,
« -Bonjour, tu vas bien ?
J'ai un premier réflexe de recule, elle non plus n'a pas marqué ma mémoire. Je suis passée si peu dans les bureaux
-Ah… Ca va et toi ? »

Nous entamons une conversation sur la contemplation de la foule et l'interroge sur le déroulement de la journée. Elle n'a malheureusement pas l'air plus au courant que moi.
Je lui indique que je vais prendre un café mais me confie préférer rester loin du cœur de la foule. Près du bar, une nouvelle femme des bureaux m'aborde, elle a de la crème étaler sur le haut de la lèvre. Je trouve intitule de lui signaler que je remarque son bouton de fièvre et répond à son début de conversation.
C'est marrant comme les femmes dans les bureaux se souviennent aussi bien de moi, de mon côté, ma mémoire me fait défaut… J'essaye de ne rien faire paraitre.

 Nous sommes invités à rentrer dans la salle de projection, pendant presque 1 heure et demi, le PDG, le service paye, le service ressource humaine, des services obscured… se sont succédé pour parler des résultats de l'année.
Ce fut intéressant, il a plus eu des interventions naturelles et même drôle que des monologues assommants. En y repensant, la journée aurait été suffisante à partir d'ici. Je me serais bien épargnée le reste.

Les organisatrices de l'évènement on fait appel à une entreprise événementielle qui nous propose un jeu de piste à travers la ville… En équipe… Je suis terriblement mitigée, je ne suis vraiment pas friande de ce genre de concept. La nature humaine se révèle sous une forme que je n'arrive plus à suivre lors de ce type d'activité …

J'ai envie de partir.

Nous finissions le jeu à 13h, j'ai faim. Le jeu ne m'a pas plu. La moitié de mon équipe s'est mis à courir pour espéré gagner. Je suis restée derrière avec le vieux qui a mal aux genoux.
Nous passons enfin à table, la jeune femme du porte-manteau me rejoins dès que nos yeux se croisent, nous débriefons l'après-midi. Je suis rassurée qu'elle aussi a eu du mal à trouver sa place. Nous échangeons pendant tout le repas, heureusement d'ailleurs car le reste de la table se connaissait depuis tellement longtemps qu'il nous était impossible de participer aux conversations.

 Un point positif. L'on m'a rapporté que mon chef charpente à demander explicitement au chef des chefs de me garder avec lui.
Je suis adoptée.

Ma journée se termine en musique avec une séance d'essaie au Roller Dance et un bal dégenré.
Je rentre à 1h du matin, tellement épuisée que je ne prends pas la peine de retirer mes lentilles. Je me réveillerais les yeux pleins de larmes sèches collants mes paupières.

Mercredi 14 décembre 2022 à 20:39

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14 Décembre

Je me rends assez vite compte du moment où j’aime mon travail, tout se joue au réveil. Je ne traine pas au lit et je ne reporte pas indéfiniment mon alarme.
Je prépare soigneusement mes affaires pour le lendemain.
Même durant la journée je le ressens, cette petite différence. Le bonheur au travail.
Le détail qui change tout, c’est mon téléphone, je le pose le matin et ne le regarde que le midi, voir seulement à la fin de la journée.
Depuis le mois d'aout dernier j’attends de retrouver une entreprise qui me fasse cet effet.

 Il a plu presque toute la journée, mes gants fusionnaient avec mes mains glacées, plus le temps passait et plus je sentais ma manche s’humidifier le long de mon avant-bras. Mais je suis tellement fière de se qu’on a monté aujourd’hui.

Mardi 13 décembre 2022 à 19:51

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13 Décembre

J'ai une fatigue satisfaisante. Je suis partie tôt ce matin, je suis rentrée tard.
J'ai retrouvé mon chef sur ladite air d'autoroute. Je suis arrivée en avance, il est arrivé en retard. Direction Nantes centre pour l'intervention. « Il y a des fers à couper au chalumeau » m'a-t-on dit.
Arrivé sur place, mon chef se plaint à plusieurs reprises :
« -Quelle bagnole de merde, je pourrais pas avoir un vrai camion ? Sérieux !
-Putain on va jamais pouvoir monter le chalumeau, je suis pas là pour me péter le dos !
-Putain c'est gelé, j'ai pas envie de me peter une jambe moi !
-Putaaaain ils sont vraiment trop con les mecs je te jure ! »
Ca a duré toute la matinée…
Il fait froid, nous sommes sur le toit du futur centre commercial et tout est couvert de givre. J'ai peur de tomber alors je marche avec parcimonie.
Bon an mal an, nous arrivons à retirer les pieds temporaires sous la charpente. Mon chef est excédé, il se plaint, se plaint, se plaint… Je suis de mon côté déjà lasse de lui, rester avec lui jusqu'à Noël sera long et l'été est encore si loin.

Nous nous sommes arrêtés manger dans un restaurant ouvrier avant de rejoindre une autre équipe sur un chantier de charpente. Je suis intérieurement toute excitée a l'idée de faire enfin du levage.

14h, Nous arrivons sur le chantier de charpente pour renforcer l'équipe déjà sur place. Mon chef se plaint de sa matinée, mais ce qui m'agace le plus c'est son "Je". Il parle toujours à la première personne, comme s'il était seul ce matin. Je, je, je. Je ne l'apprécie plus du tout.
Le chef d'équipe charpente a plus de charisme et parle moins… Mon chef se plie rapidement à ses indications et l'envoi tracer plus loin.
Moi je reste avec le chef charpente. Et la…. Je suis aux anges, j'adore.
L'après-midi est beaucoup plus agréable, ce chef ne se plaint pas, ce chef dit "Nous", ce chef souris.
Mon cerveau hurle de désire pour rester avec lui.

Lundi 12 décembre 2022 à 23:07

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12 Décembre

J'avais presque oublié ma résolution vieille de plus ou moins 24h. J'aimerais bien tenir au moins un mois. On verra ce que le quotidien en dit. Prévenu vendredi dernier à 16h30 par mon service ressource humaine j'étais attendu ce lundi matin pour une formation « Travail en Hauteur et port du Harnais » à une petite dizaine de minutes en voiture de chez moi. Mon réveil sonne à 6h30, le temps de m'interroger quelques secondes sur l'utilité d'aller à la réunion de chantier du lundi, je me rendors considérant ma présence non indispensable.
Je me tourne et re re tourne entre mes multiples oreillers pour en savourer la chaleur et la douceur avant de me résoudre à me préparer.
Ne sachant pas si la majorité du temps de la formation sera en extérieur ou en salle, j'enfile mes vêtements spécials hiver fraichement acheter le week-end dernier. Des chaussettes de chasseur, sweatshirt et legging en laine sous le bleu de travail.
C'est le moment de tester le confort au mouvement. Un café, un bol de céréales, quelques SMS, gratter le parebrise, compatir à ma batterie qui tousse chaque matin, je croise les doigts pour ne pas avoir de problème cet hiver.

Je trouve le centre de formation dans la zone industrielle voisine, en me garant je remarque les yeux des fumeurs tournés vers mon véhicule. Mes joues en rougis, on me regards, que des hommes, ils ont vu que j’étais une fille ? Il me juge ? Bon sang arrêtez de regarder vers moi. Tu paniques, calme-toi, tout le monde s’en fou ok ? J’espère que la journée va bien se dérouler.

Aussitôt sortie de mon véhicule, un homme en blouson haute visibilité orange m’interpelle :
« -Travail en hauteur ?
-Oui chef !
-Ton formateur est devant à la machine à café, celui avec un bonnet
-Ok ça marche, merci »

Je m’approche de l’homme à bonnet et aussitôt :
« Travail en hauteur ?
-Oui chef
-Tiens un jeton pour un café
-Oh ! Super merci ! »

Je ne me fais pas prier et me prends un café court à la machine.
Un jeune homme aux lunettes en cul de bouteille et cheveux frisés me regarde fixement en sautillant sur place.
« -Je t'ai passé devant ?
-Non non enfin non c'est bon je peux attendre…
-Sûr ? Je me sers ?
-Oui oui allez s'y, enfin vas-y… »

Il me vole un sourire de sympathie, mon café servi je me pose contre le mur, le même garçon prends son café et s'arrête relativement loin pour que je puisse l' ignorer mais, suffisamment proche pour qu'il entende si je commence à lui parler.
Ces personnes m'attendrissent, elles sont si simples à comprendre. Je décide de répondre à son envie de parler :
« -Ça va ?
-Oui ! Ça va et toi ? J'ai super froid…
-Haha oui ça se voit.
-J'étais ici la semaine dernière déjà, pour habilitation électrique et toi tu vas faire quoi ici ? Moi je suis en travail en hauteur
-Moi aussi
-Toi aussi ? Moi je travaille pou..
Le formateur à bonnet crie pour se faire entendre jusqu'au coin fumeur ce qui me couvre la suite de la phrase.

«Travail en hauteur vous me suivez on va à l'étage ! »
Je ramasse mon sac à dos et suis le groupe qui s'est formé derrière le formateur, en pénétrant dans la salle je vise le premier rang, mais une femme prend la place au même moment. Oh il y a une femme, trop bien. Je me place derrière elle, mes yeux se perdent sur ses cheveux, ils sont si épais, surtout grisonnant, je n'ai pas bien vu son visage, elle est si âgée que ça ?
Lors du tour des présentations ma question est très vite élucidée. 86, ce qui lui fait 36 ans.
Je reste la benjamine jusqu'à ce qu'arrive le tour du jeune garçon de la machine a café, 2001. C'est fou, les gens nés en 2000 sont déjà en âge de travailler, même les 2004. Je comprends mieux la réaction de certain de mes collègues quand je suis arrivée dans le monde professionnel.
La formation commence par un monologue sur la prévention des risques. Je ne parle pas trop en début de séance, mais le silence lourd qui suivent les questions ouvertes du formateur me frustre. Je craque et je commence à faire l'idiote :
« -Quels est le danger du travail en hauteur ?
-La mort ! »
Mes interventions font rire le groupe, mais je n'arrive pas à percevoir si mon engouement plait au formateur ou s'il préférait s'écouter parler. Quoi qu'il en soit la matinée passe et je rentre manger chez moi au vu du temps alloué pour la pause déjeuner. Chez moi, je réchauffe ma gamelle et mange écroulée sur le canapé le téléphone à la main.

L'après-midi, nous sommes dehors à escalader un échafaudage. Le but, monter 3 étages en gardant toujours une longue accrochée.
L'exercice est long étant donné qu'il ne se pratique que deux par deux.
Je vois mes camarades d'une journée trembler de froid. Je m'étonne à ne pas souffrir autant qu'eux. Première raison est que j'ai eu le temps de m'acclimater en un mois, deuxième raison, j'ai fait le meilleur des investissements dans mes achats 100% laines.
Merci, chaussettes à 9 euros la paire, après réflexion peut être que j'irai en racheter.
Le formateur baisse la tête sur son téléphone… Et ne regarde que partiellement les personnes qui passent. Cela m'attriste, je ne comprends pas le but de la manœuvre…
Et surtout, je constate que tout le monde n'est pas habitué à ce type de structure ou d'équipement. Les observer me projette sur moi-même des années en arrière. Je me surprends à penser : « J'ai appris des choses quand même »
Une fois tout le monde passé, nous retournons en salle, je sens un pas enthousiasme chez mes camarades à l'idée de rentrer au chaud.
Nous finissons par un questionnaire validant ou non la formation. A la fin du temps imparti le formateur corrige devant nous et repose les questions aux personnes, qui, je devine n'ont pas les 7 points sur 10 minimum pour valider la journée.
Je suis impressionnée. Est-ce du au prix de la formation ou est-ce la compassion de monsieur au bonnet ? Jusqu'à la fin j'aurai eu du mal à le cerné.

 Je reprends mon véhicule, pour rentrer quand j'aperçois sur la chaussée le couvreur du groupe. Je le klaxonne en baissant ma fenêtre :
« -Tu as besoin d'être déposé ?
-Saint-Nazaire ?
-Monte ! »
Heureux comme tout il monte avec moi.On en profite pour raconter nos vies, il est marocain, il est arrivé il y a 3 ans en France et oh surprise ! Il a d'abord été en Alsace.
«-Strasbourg ! Mon dieu que c'est beau !
-Ah tu es de là-bas ?
-Non du tout, mais j'y suis restée un an et … j'ai tellement aimé, j'ai hésité à y retourner
-Pourquoi tu n'y retournes pas maintenant ?
-C'est une bonne question »

Avant de le déposer à la gare je récupère son numéro, toujours bon d'avoir le numéro d'un couvreur dans son téléphone.
Arrivée chez moi j'appelle mon chef :
« -Allo Benji ? Je ne te dérange pas ?
-Non non j'allais quitter le chantier
-A yes, tout s'est bien passé ?
-Haha tu images que rien ne s'est passé comme prévu ! Je suis allé aider une équipe à Ouest France, donc finalement on va bien à Primark tout les deux demain, on coupe un truc vite fait et après on rejoint une autre équipe à Totale. Ça marche ?
-Yes aucun souci, je te rejoins chez toi demain matin du coup ?
-Ouais rendez-vous sur l'air de Covoituage de Savenay demain matin, 7h15, ça marche ?
-Ouais ouais aucun problème !
-Yeeees, bon, bonne soirée alors à demain ! »

Il avait l'air de bonne humeur, j'espère qu'il sera pareil demain et toute la semaine.
Je vérifie l'adresse et le temps de trajet pour aller à Savenay, 30 min de route, départ conseillé 6h40, je vais partir de chez moi à 6h30… Ça sera mieux. Je ne regrette pas d'être restée généreusement au lit ce matin.
Je vais devoir partir de chez moi tout les jours à 6h30 et rentrer pour j'espère avant 19h. Je regarde rapidement si dormir chez Claire me faciliterai la vie : 20min. Je réfléchi.
C'est 10min de moins et une bonne raison de la voir, je lui écris pour lui demander si elle serait d'accord de m'ouvrir son lit.
Avant même sa réponse je prépare un sac : slip, pantalon de secours, chaussette, t-shirt… Une ou deux nuits ça serait sympa, me dis-je en contemplant mes caleçons de boulot. Je devrais faire un gratin… Pour lui ramener … Il y a aussi une bouteille de bière à elle dans le frigo, je ne devrais pas l'oublier, on est quel jour ? Lundi ?
Mardi nuit ? Non mercredi nuit ça serait bien, une nuit sur deux c'est bien ? C'est quand déjà piscine pour elle ?
Avant de me perdre dans mes pensées je m'empresse d'écrire ces mots et préparer ma gamelle, puis me laver, aller au Derby, me relaver, manger, dormir, demain, travail...



Dimanche 11 décembre 2022 à 12:26


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11 Décembre 2022

Il y a 12 ans, j’ai ouvert ce blog et j’y ai écrit mon quotidien. Il a toujours été dans un coin de ma tête, jamais je ne l’ai oublié et jamais je n’oublierai cette tranche de ma vie, le début de la fin de mon adolescence. Je me trouvais laide, molle, imparfaite, maladroite, grosse. La description personnelle de tant d’adolescente.

12 ans, cela me parait énorme. En feuilletant les pages dématérialisées de ce blog, des souvenirs me sont revenues, mes obsessions m’ont sauté au coup et m’ont arraché un sourire de compassion.

J’ai l’impression de ne pas être la même personne qui écrit aujourd’hui que celle qui a écrit il y a 12 ans. Tant de choses ont passé, tant de joies, tant de larmes, tant d’amours, tant de voyages.

Avoir glissé ici comme on retombe sur son journal intime lors d'un déménagement, m’a bien sûr donné envie de recommencer à écrire. Le plaisir de tapoté frénétiquement sur mon clavier ces phrases qui s’écrivent dans ma tête au fil des descriptions à travers mes yeux qui contemplent mon monde.

 Quand je me replonge à cette époque, écrire a eu énormément d’effet bénéfique sur moi. J’appelle d’ailleurs ce blog ma thérapie, écrire m’a permis de relativiser sur énormément de choses et de me pousser à réfléchir avant d’agir.

En ai-je besoin aujourd’hui ? Vais-je arrivé à tenir le rythme ? Comment ne pas prendre l’exemple d’Anais Nin ? (Note à moi-même finir au moins un de ses romans avant de la citer… )

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