7 Mars
La journée vient à peine de commencer que déjà ma literie de nuage me manque. Et mon dos me le fait savoir. D'après mes cours de PSE c'est un T.M.S. qui peut être dû aux stress.
Mais un stress que je ne ressens pas. Je n'ai jamais vraiment su la définition du stress. Je n'ai non plus jamais dit « Je suis stressée ».
Au collège, les « Oalala j'ai trop peur du contrôle !! » et « Faut qu'je reviiise !! » me laissaient de marbre. Je ne comprenais pas mes camarades qui faisaient les cent pas jusqu'à en suer de détresse. Les choses marchent d'une manière logique, la connaissance ou l'ignorance.
Pourquoi se mettre des poids de vingt kilos sur le dos comme réaction à la peur d'un simple poly copié ?
« T'es trop blasée ! » Qu'on m'répondait.
M'enfin c'est pas avec des 18 de moyenne que j'ai atterri en CAP... Alors, en y repensant j'aurais peut-être dû faire comme le groupe et apprendre, au lieu de me passionner pour les nuages.
J'arrive au lycée en avance, aucun élève à l'entrée ou dans les couloirs.
Devant la porte de ma salle, je pose ma tête contre le mur et ferme les yeux quelque instant. La fatigue est telle que même dans ce couloir froid et vide, je me sens bien.
En entrouvrant les paupières la silhouette de Doggy avance vers moi. Je me pose sérieusement la question si je fais semblant de dormir pour ne pas à lui parler, ou assumer ma présence comme devrai le faire un être vivant.
Elle me fait un signe de la main auquel je lui réponds, puis elle se laisse glisser contre le mur pour venir s'asseoir à ma gauche.
Au bout de quelques secondes elle me tapote le bras, j'enlève un écouteur pour pouvoir l'entendre :
« -Pourquoi tu t'éloigne de nous ?
-...C'est-à-dire ?
-Ba des fois on te parle tu réponds pas, tu restes presque plus manger avec nous tu pars tout de suite ou tu manges pas du tout. Et y'a ton regard !
-Qu'est-ce qu'il a mon regard ?
-T'a un regard de tueur.
-...Nnn...Non...Enfin...
-T'a quoi ? T'es fatiguée ?
Je suis lasse, j'en ai marre, j'en veux plus, j'en peux plus. Je veux plus ''Traîné'', je veux plus perdre mon temps, mes journées. J'ai décidé de rejeter cette amitié que je considère aujourd'hui comme frivole, superficielle et girouettique à avoir le mal de mer. Oublions vite.
-Je...J'ai rien. »
D'autres filles de la classe arrivent coupant court à la conversation. Après Disneyfan c'est maintenant Doggy qui veut me ramener au sein du troupeau...
Français :
La prof qui manque de notes pour mon dossier, me donne un contrôle, avec à la fin une expression écrite sur « A quoi servent les études ? »....
J'ai un peu séché sur le coup...
Marie qui est assise à côté de moi :
«-On fera quoi ce soir ?
-Ce soi...
Ah ! J'avais complètement oublié, hier elle m'a dit « Tu viens un jour chez moi ? ». Je lui ai demandé quand
«-Quand tu veux
-Ok demain, ça te va ?»
Pourquoi j'ai dit ça ?! On est ''Demain'' aujourd'hui !! J'ai pas envie d'aller chez elle, elle habite à l'aut' bout du monde en plus.
-On verra.
-Oui. »
Enseignement professionnel :
La cloche a déjà sonné depuis longtemps, ma classe et moi, nous stagnons devant la salle fermée. J'aime bien être juste, à côté du groupe. Je suis seule sans l'être complètement. En boule à un mètre de la plus proche, j'apprécie cette distance, je la savoure.
Un surveillant s'avance vers nous, «La prof a une heure de retard» A t-il dit.
Les autres sautent de joie, puis se plaignent, pour ressauter ensuite.
Vu que je n'habite pas à trois heures du lycée comme beaucoup j'en profite pour rentrer chez moi, chercher mon livre et voir mon chat.
Je confie mon sac à Disneyfan, qui va aller faire une petite sieste :
«-Je peux l'utiliser comme oreiller ?
-Fais-toi plaisir.»
Chez moi, j'ai bien pris mon temps avant de repartir. Je pris même le temps de commencer mon livre ''La cité des livres qui rêvent''. Moi qui en général n'aime pas le fantastique, lui, me séduit. Son écriture simple et droite fait très enfantin.
Le nez entre deux pages, je me mise enfin en route.
Absorbée par une histoire de dragon écrivain au chevet de la mort je n'ai pas vu les contrôleurs de la RAPT qui faisaient barrière. Je me cogne à l'un deux, en me prenant mon livre dans les dents. Je m'incline pour m'excuser et sors ma carte de transport et lui tend. Il fronce les sourcils et hausse les épaules. Je ne comprends pas où il veut en venir alors je retire mes écouteurs pour l'écouter.
Le voilà qui s'énerve en faisant de grands gestes :
«-Ba oui !! Ba oui !!! A être dans ton monde, voilà !! Non mais quand même ! Tu sais un jour il va t'arriver un truc treees bizarre !! Et tu sais c'est quoi ?!!
Hein ?! Hein ?!
-Tomber sur les rails ?
-NAN ! Tu ne verras même plus le monde extérieur ! »
Il hausse les épaules encore une fois, je le prends comme un signe et m'enfuis le regard bas embarrassés par le regard des passants. Un sentiment de colère me monte au front. De quel droit ? De quel droit me parle t il sur ce ton? Quel homme grossier. Qui il est ?! D'où il sort ?! Mais c'est pas tout, encore le fameux ''Tu vas être seule'' qui revient. Et alors ? Quel est le mal ? Être seule? Sa petite bulle, son petit château, son univers. Qui sont ces gens qui me poussent vers le troupeau ?
Je ne suis pas un arbre qui se doit d'être dans une forêt bien rangée.
Je ne suis pas un arbre, je n'ai pas besoin de racine, de je ne sais quel pays, de je ne sais quelle histoire.
Qui sont ces sombres inconnus qui me mettent en garde contre ma Solitude comme si elle était mauvaise. C'est avec elle que j'ai créé, imaginé. C'est avec elle que je rêve d'une verdure flamboyante, vive et magnifique se découvrir sous mes pas et recouvre le béton.
L'entend t il ma Solitude ? Elle hurle de douleur, elle pleure, à force de vouloir me l'arracher. Je veux rester avec elle, rien qu'avec elle. Marie peut aller se faire voir. Avec ces idées de pyjama party. Voilà que je n'ai même plus envie de lire Quel idiot ce type. Je ne me souviens même plus quelle tête il avait. Parce que ''je vis dans mon monde'' après tout.
Enseignement Professionnel :
La prof nous a fait un Topo sur les portes ouvertes du lycée. Le lycée chercher des hôtesses qui guiderons et présenterons les professions aux parents/enfants. J'ai pensé pendant un instant à me présenter mais j'ai ravalé ma langue en imaginant les parents mal polie et les ados débiles,
sans parler des questions auxquels je ne serai pas répondre.
De toute façon la prof m'annonce qu'elle m'a choisis pour être celle qui va rester dans la classe et parler et présentation de ma formation.
Ma classe aura également beaucoup de choses à présenter. Des vestes en velours côtelé avec des shorts assortis, des coiffes à réaliser avec la prof de math, des poèmes avec la prof de Français, sans parler des boléros pour les terminal Bacpro.
Le peu de temps qu'il reste est consacrée à la réalisation de la fameuse veste velours.
Cantine :
Je suis restée aider la prof à ranger l'atelier. Ces ingrates on tout laisser traîner derrière elles pour mieux aller bouffer.
A table
J'avale vite et peu, pour partir vite.
L'idée farfelue de m'installer dans la cour intérieure du lycée me traverse l'esprit. Il ne fait pas très froid aujourd'hui et le vent ne s'engouffre pas.
Je m'installe sur un banc pour bouquiner.
Quelque temps après une sombre inconnue se porte devant moi, je lève les yeux. C'est alors qu'elle pointe la baie vitrée du premier étage des escaliers E. Disneyfan, doggy et Monkey font de grands signes « Monte ! Monte ! »
En y repensant j'aurais dû faire mine de venir mais prendre l'escalier C pour rester seul. Mais je n'y ai pensée qu'après.
Elles sont toutes trois, plus Pepito que je n'avais pas vue d'en bas, étalées sur les marches empêchant tout passage. Monkey me prend par la main et me dépose en amont du groupe.
« -Quoi ?
-Assieds-toi, Assieds-toi. On va parler de truc et d'aut' truc. Voilà. »
Elles reprennent alors leurs conversations, qui m'ont vite exaspérée
« Y'a Sylvester Stallone qui faissait des films PORNO dans sa jeunesse pour vivre ! »
« Ça serait trop bien si le Chocolat qui faisait pas grossir existe ! »
T'a qu'à manger de l'air si tu veux pas grossir !
Je me suis tue, formé ma bulle et monté le son avant d'ouvrir mon livre.
Elles ne m'ont rien dit, comme si la chose qu'elles voulaient était juste ma présence, désagréable ou non, bavarde ou non, les écoutant ou non, les aimant ou pas.
PSE :
Le contrôle de la dernière fois n'est toujours pas terminé. Je languis sur ma chaise et n'écoute pas la correction. La malchance a voulu que je sois au premier rang. La prof insiste pour me faire participer en m'interrogeant à répétition. J'ai bien voulu jouer le jeu au début, mais vite irritée, je bloque ma réponse, la regardant droit dans les yeux pour lui communiquer mon agacement. La prof répète mon nom et la question, mais sans réaction de ma part. Elle finit par jeter l'éponge en lançant cette phrase « Tu sais parfois ton manque de communication est inquiétante »
Ma communication va très bien, j'ai le droit d'être énervée et de faire la gueule.
Français : On travaille sur les poèmes qui seront affichés lors des portes ouvertes. Je n'aime pas ce j'écris, je balance n'importe quoi, tant pis, ça ira.
Anglais :
Le prof est absent, il s'occupe de l'oral des Bacpro. Y'en à que pour eux dans le lycée.
Je suis la seule à rentrer, les autres profitent de la salle ouverte avec les ordinateurs pour aller sur leurs profils FaceBook.
Doggy me fait un signe d'au revoir, je détourne le regard et disparais derrière la porte.
Épuisée je me suis couchée très tôt.